Le vol de cuivre ne touche plus seulement les chantiers et le rail. Les bornes de recharge deviennent à leur tour la cible de réseaux organisés, privant brutalement les électromobilistes d’accès à l’énergie.
C’est un fléau qui impacte bien des domaines d’activité : de la construction au télécom, en passant par les transports. Le vol de cuivre prend des dimensions inquiétantes. Le prix de revente du cuivre en plein boom n’est pas étranger à la situation. Pas plus tard que le 28 août, un simple vol de câbles sur la ligne Paris-Lyon a paralysé le trafic ferroviaire. Mais les trains ne sont pas les seuls concernés : la flambée du prix du cuivre attire aussi les voleurs vers les bornes de recharge électrique
Le développement de la voiture électrique est ainsi directement menacé par ce commerce frauduleux du cuivre contenu dans les câbles des bornes rapides. Elles sont de plus en plus régulièrement visées par des attaques, laissant certains électromobilistes sans solution de recharge.
En parallèle de la multiplication des stations de recharge, les vols se sont également décuplés pour atteindre un rythme quasi industriel durant l’été 2025. De nombreuses stations ont ainsi vu leur câble disparaître du jour au lendemain et le problème est loin de ne viser que la France. Toute l’Europe est touchée, même si les pays méridionaux semblent plus largement concernés, selon les témoignages observés sur les réseaux sociaux.
C’est justement dans des pays comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie que de tels méfaits pèsent d’autant plus lourds. Dans les pays où l’infrastructure de recharge rapide est moins développée qu’en France ou aux Pays-Bas, la sanction est encore plus néfaste pour les automobiles en voiture électrique.
Cette publication sur X (ex-Twitter) fait un état des lieux des stations de recharge qui ont été attaquées au Portugal :
Le nombre de croix correspond aux bornes dont le câble a été sectionné. Le Superchargeur Tesla de Fátima aurait ainsi perdu d’un coup 20 bornes sur les 32 référencées sur le site de la marque. On se demande par quel miracle les 12 autres bornes ont échappé au larcin. Généralement, ces voleurs ne s’encombrent pas de sentiments et s’ils peuvent voler l’ensemble des câbles, ils n’hésiteront pas.
Dans cette liste, on observe également plusieurs bornes isolées, installées sur les parkings de supermarchés ou de fast-foods. Elles sont certainement de parfaites victimes, car les voleurs ont peu de risques d’être dérangés en plein méfait au milieu de la nuit dans des zones commerciales désertes. Et c’est bien dommage, car ces bornes sont très pratiques au quotidien pour ceux qui n’ont pas de recharge à domicile.
Un surcoût, mais surtout une indisponibilité gênante
Les opérateurs de recharge, comme Electra, n’hésitent pas à rappeler que la rentabilité de leur réseau ne se fait que si leurs bornes sont utilisées. Lorsqu’elles sont vandalisées, les opérateurs sont doublement perdants. D’une part, ils doivent changer la pièce et mobiliser un ou plusieurs techniciens pour l’opération, et en plus, pendant ce temps-là, la borne est inopérante donc elle ne rapporte plus rien. C’est donc un vrai problème de rentabilité pour les opérateurs.
Dans leur malheur, les bornes étant monitorées et les utilisateurs pouvant facilement signaler les bornes saccagées, les délais d’intervention sont certainement moins longs que si la technologie ne permettait pas de communiquer rapidement les informations. C’est un moindre mal.
Des opérateurs de recharge et des fabricants de bornes cherchent des solutions pour décourager le vol des câbles. Cela passe d’abord par la sécurisation des accès aux points de recharge (néanmoins un simple grillage n’a jamais empêché les vols). La société Kempower a, elle, développé un liquide unique qui permet de marquer les voleurs s’ils coupent ou manipulent un câble coupé d’une de leurs bornes. Il s’agit d’un dispositif à l’image des encres indélébiles sur les billets de banque. Le problème est que cela ne règle pas le problème à la source, le câble a quand même été sectionné, mais cela pourrait être dissuasif si c’est connu des voleurs.
Une harmonisation européenne à créer d’urgence
Une station de recharge vandalisée en France ne signifie pas que le cuivre récupéré sera revendu à proximité. Même si une partie de ces larcins sont certainement gérés de manière artisanale, cette filière s’est également professionnalisée, et une partie du cuivre volé en France va rapidement traverser les frontières grâce à une organisation bien plus structurée. La même chose s’applique aux vols de pièces détachées de voitures, si une partie est revendue sous le manteau ou sur leboncoin, d’autres pièces passent par des filières structurées.
Pour tenter d’enrayer les vols de cuivre, la France a mis en place une série de mesures. Parmi elles, il y a d’une part une surveillance régulière des registres des ferrailleurs et autres récupérateurs de métaux. D’autre part, le paiement en liquide n’est plus autorisé pour le cuivre, ainsi la traçabilité des transactions suspectes est renforcée. C’est un principe également adopté dans d’autres pays comme la Belgique et la Bulgarie. Pour d’autres pays, tout dépend des quantités de cuivre apportées, ce qui ne risque pas d’enrayer la tendance.
À l’échelle européenne, le vol de cuivre est reconnu comme un problème croissant, et la Commission européenne s’y est intéressée via des programmes et recommandations. Cependant, il n’existe pas encore de cadre législatif commun imposé à tous les États membres. Il est urgent de changer cela.
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