Les Superchargeurs Tesla sont passés à la vitesse supérieure récemment, dans tous les sens du terme. Plus puissants, plus performants, mais aussi beaucoup mieux dimensionnés qu’avant, ils sont un modèle à suivre pour quiconque voyage en voiture électrique. Toutefois, certains détails essentiels pour que les road-trips se passent parfaitement bien manquent encore à l’appel. Et si les bonnes vieilles aires d’autoroute n’avaient pas déjà tout compris, et qu’il serait bon pour Tesla de s’en inspirer ?
Toutes les deux heures, la pause s’impose ! Ce slogan autoroutier connu de tous — sauf peut-être des plus jeunes d’entre vous — est devenu une quasi obligation en voiture électrique. En effet, quelle que soit l’autonomie de votre voiture branchée, il y a fort à parier que faire plus de 250 kilomètres d’autoroute ne soit pas loin de la limite acceptable lors des grands trajets avant de devoir se recharger. Qu’on soit conducteur de Tesla ou non, on en vient souvent à s’arrêter à un Superchargeur de la marque d’Elon Musk pour diverses raisons : simplicité, tarification, nombre de bornes disponibles ou encore placement stratégique sur le trajet effectué.
Malheureusement, lorsque l’on avait l’habitude de tailler la route en voiture thermique et de s’arrêter sur des grandes aires d’autoroute, on se rend vite compte que l’accès aux commodités quelles qu’elles soient n’est plus vraiment au rendez-vous. Comment pourrait-on rendre ces arrêts forcés plus agréables qu’ils ne le sont aujourd’hui ? On va revenir ensemble sur ce que l’on est en droit d’attendre d’une pause en voiture — électrique ou non —, avant de voir ce que proposent les derniers Superchargeurs Tesla construits, et leur emplacement pas toujours idéal. Rendre la recharge en voiture électrique agréable : voilà le vrai défi qui attend Tesla après 2025.
Le confort minimum : ce qu’on attend lors d’une pause en voiture, surtout en électrique
S’arrêter pour recharger sa voiture électrique, ça revient généralement à rester entre 10 et 30 minutes sur place avant de poursuivre sa route. Il existe quelques rares exceptions où une recharge peut être plus courte (s’il manque seulement quelques dizaines de kilomètres d’autonomie pour arriver au prochain point), ou plus longue lorsqu’on s’arrête pour manger, ou que sa voiture ne charge pas très vite. Dans tous les cas, c’est un moment où l’on veut rarement rester dans sa voiture en regardant la jauge de batterie se remplir avant de repartir illico, ce qui revient souvent à une perte de temps, et rien d’autre.

Pour éviter de telles situations — qui conduisent parfois même à s’arrêter à une aire d’autoroute quelques kilomètres plus loin —, il faudrait au minimum certaines commodités comme des toilettes accessibles, un toit pour ne pas être sous la pluie, un point bébé avec table à langer, des zones de repos basiques (bancs, tables de pique-nique, aire de jeu éventuellement), un distributeur de boissons et nourriture : en bref, tout ce que l’on retrouve sur des aires de service qui ont une station essence depuis des décennies.
Le plus grand superchargeur de France vient d’ouvrir avec beaucoup de bonnes idées
À quelques centaines de mètres d’une sortie de l’autoroute A5, entre Troyes et Langres, Tesla vient d’implanter un superchargeur doté de 56 bornes, à Magnant. On y retrouve presque tout ce que l’on a demandé plus haut : les bornes sont abritées, il y a une aire pour s’asseoir en extérieur, des distributeurs de boissons et de nourriture, des toilettes, et même une Nintendo Switch avec Mario Kart (sur une Switch 1, hélas).


Sur le papier, ce nouveau superchargeur a donc tout pour contenter les voyageurs les plus exigeants en voiture électrique. Lorsque l’affluence est nulle ou faible, c’est effectivement génial. On peut aisément tuer le petit quart d’heure que l’on a en attendant la charge en faisant un grand prix de Mario Kart, ou bien en commandant une pizza sur le kiosque idoine. Sauf que comme vous pouvez l’imaginer, le bât blesse dès lors que l’on retrouve sur place plusieurs dizaines de véhicules.
En effet, avec plus de 50 bornes disponibles et accessibles dans les deux sens de circulation, lors des chassés-croisés estivaux, on peut être près de 200 personnes sur place. Avec 2 toilettes, un seul distributeur de pizzas et une console de jeu, vous pourrez aisément imaginer que la voiture sera largement remplie avant que ses passagers n’aient pu profiter de quoi que ce soit.
C’est particulièrement frustrant en ce qui concerne les toilettes, qui restent le besoin le plus basique et qui passe nécessairement avant jouer à la console : comment peut-on imaginer que deux toilettes suffisent pour autant de personnes potentielles ? N’importe quelle aire d’autoroute a bien montré que, même en en mettant 8 fois plus, il y a de la queue lors des périodes d’affluence.


Qui plus est, ce superchargeur est au milieu de nulle part, ce qui implique que vous ne pourrez pas profiter de quoi que ce soit qui ne soit pas directement sur le site : aucun restaurant, hôtel, fast-food ou commerce à proximité directe. Y étant passé plusieurs fois depuis son ouverture cet été, j’ai pu constater l’énorme différence entre un jour de semaine où nous étions seuls, et un samedi midi au cœur du mois d’août où on est retombé dans les travers habituels des voyages en électrique : on est resté dans la voiture, tant il y avait de queue pour accéder aux installations.
Cette expérience est transposable à d’autres superchargeurs récents, comme à Arc-sur-Tille, ou dans une autre mesure à Tossiat : il y a des dizaines de bornes, mais un cabinet de toilettes unique.
Pourquoi les superchargeurs sont hors de l’autoroute ?
Si vous en êtes à vos premiers voyages en Tesla, vous allez découvrir les joies des superchargeurs en dehors des grands axes, pour le meilleur comme pour le pire. En effet, avec des stations qui comportent aujourd’hui entre 20 et 60 bornes pour bon nombre d’entre elles, il est de plus en plus difficile pour la firme américaine de s’implanter sur les aires d’autoroute, où les places de stationnement ont une très forte valeur.
C’est pourquoi on retrouve fréquemment 4, 6, 8 bornes Ionity, Fastned ou Totalenergies sur certaines aires, et non pas un Superchargeur Tesla qui aurait besoin de 3 à 5 fois plus de places de stationnement réservées. Par conséquent, la firme américaine a choisi d’abord de s’implanter dans des zones commerciales ou sur des parkings d’hôtels, et aujourd’hui de construire un site entier comme on l’a vu à Magnant.


Les superchargeurs des zones commerciales sont à double tranchant : soit c’est une période où tous les commerces sont ouverts, et vous avez donc le choix pour vous occuper durant la charge, soit vous voyagez en heures ou jours non ouvrés, et vous vous retrouvez seul sur un parking au milieu d’une zone fermée, où vous n’aurez rien d’autre à faire qu’attendre avec impatience la fin de la charge. On passe sous silence les jours de forte affluence où vous retrouverez facilement une voiture thermique parkée sur les places réservées à la recharge, si le parking est déjà bondé.
Il conviendrait donc de réinventer les superchargeurs, plutôt comme des mini-aires d’autoroute modernes, en restant accessibles même en dehors des autoroutes, comme c’est le cas actuellement pour la plupart d’entre eux en France.
Les superchargeurs de demain : des aires de service 2.0
Ni l’ancien modèle (zones commerciales ou hôtels), ni le nouveau (aires créées de toutes pièces) ne donne entière satisfaction. Un modèle hybride du futur est donc à imaginer, alliant le meilleur des deux mondes. On reprendrait donc l’idée des nouvelles stations actuelles avec un toit solaire et des tables de pique-nique, mais en ajoutant des commodités en nombre suffisant.
Par exemple, il conviendrait d’avoir 8 ou 10 toilettes pour des stations de 50 bornes, et des distributeurs de nourriture et boissons approvisionnés correctement pour faire face aux pics d’affluence. Ces points font partie des plus grosses critiques sur le superchargeur de Magnant, qui dégradent donc grandement l’expérience.


On en vient en 2025 à ne plus juger la recharge pour ce qu’elle est, mais l’expérience de la pause où l’on recharge dans son ensemble. Et s’il faut bien sûr que la charge en elle-même soit rapide, fiable et si possible bon marché, les à-côtés deviennent tout aussi importants. Peut-être que le bon chemin est à trouver aux États-Unis, avec le Tesla Diner en Californie, offrant un restaurant, un cinéma en plein air et des commodités ouvertes 24h/24, toute l’année. La réalité du futur sera probablement entre les deux, où Tesla cherchera encore à améliorer l’expérience liée à la recharge, mais sans aller vers des stations au coût exhorbitant, qui seraient très rarement justifiables.

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