La fusée Starship a maintenant réalisé plus de 10 tentatives de vol orbital et continue sur cette lancée. L’occasion de voir si le bébé de SpaceX va enfin tenir ses promesses après quelques succès… et plusieurs d’échecs !
Depuis le 20 avril 2023, Starship a entamé ses tests orbitaux. La fusée géante a pour but d’effectuer un vol orbital avec récupération de ses deux étages. D’autres vols sont attendus d’ici à la fin de l’année, alors pour bien comprendre les enjeux autour de ces tests, voici tout ce qu’il faut savoir sur le Starship.
Quel est le but de la fusée Starship ?
Le but avoué d’Elon Musk est d’utiliser le Starship pour coloniser Mars, comme il l’a assuré lui-même, rien que ça ! En attendant ce projet lointain, le lanceur aura d’autres possibles applications plus immédiates. Déjà, il doit servir aux prochaines missions lunaires dans le cadre du programme Artémis, et consolider la constellation de satellites Starlink.
Avec sa promesse de pouvoir déposer 100 tonnes de charge utile en orbite basse, un seul vol de Starship pourrait apporter dans ses bagages plus de 400 satellites. Cela pourrait remplacer l’actuelle Falcon 9 qui ne peut en amener qu’une cinquantaine « seulement ».
Quels sont les prochains rendez-vous attendus ?
Après une dizaine de tests depuis avril 2023, le prochain vol d’essai devrait avoir lieu durant le mois d’octobre 2025. L’essai précédent avait été couronné de succès avec un amerrissage contrôlé des deux étages du lanceur, et le prochain vol devrait suivre à peu près la même architecture.
Si tout avance comme prévu, ce vol devrait être le dernier de la Version 2 su Starship, puisque Elon Musk a promis une Version 3 plus grande d’environ trois mètres, conçue pour des vols habités vers Mars.
Dans les mois qui viennent, on s’attend aussi à une démonstration de la variante Starship HLS, conçue pour transporter des astronautes entre l’orbite lunaire et la Lune. Cette concrétisation est attendue vers 2027 avec Artémis 3, mais toujours avec le risque de retard autour du programme lunaire américain.
Quel est le prix de la fusée Starship ?
Il n’est pas officiellement connu, mais SpaceX a dévoilé quelques informations sur le prix de la fusée géante. Il y a d’abord eu 3 milliards de dollars investis de 2014 à 2023, puis aux alentours de 2 milliards uniquement en 2023.
En parallèle, la Nasa soutient énormément le projet, puisque l’agence spatiale américaine a déjà établi un premier contrat à 2,89 milliards de dollars en 2021, suivi d’un autre l’année suivante de 1,15 milliard. Puis en 2024, un contrat de 2,9 milliards de dollars a été signé dans le cadre du programme Artémis.
Qu’est-ce que SpaceX compte faire avec le Starship ?
Le but premier, maintes fois rappelé par Elon Musk, est d’aller sur Mars. Mais dans un futur plus immédiat, SpaceX compte sur son Starship pour déployer sa constellation Starlink. Même s’il existe déjà plus de 6 000 engins en orbite basse, l’ambition est de dépasser les 12 000 d’ici à quelques années.
En plus de ça, l’entreprise d’Elon Musk a aussi conclu des contrats pour lancer des satellites de communication, et compte également développer le tourisme spatial.
Côté scientifique, l’attente est importante. La promesse d’envoyer jusqu’à 100 tonnes de charge utile en orbite basse laisse le champ libre à l’envoi de gros télescopes, comme LUVOIR. Ce projet ambitieux encore lointain est destiné à remplacer James Webb mais il est encore tôt pour savoir s’il sera confié au Starship alors que le lanceur Space Launch System (SLS) de la Nasa est plus avancé.
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Comment la Nasa et SpaceX vont-ils utiliser le Starship pour aller sur la Lune ?
Ce n’est pas le Starship actuel qui doit être utilisé dans le cadre d’Artémis vers la Lune, mais une variante nommée HLS Starship. L’architecture de la mission a été dévoilée fin 2024. Et ce qui s’en rapproche le plus est… la fusée utilisée par Tintin dans On a marché sur la Lune !
L’idée est d’avoir des astronautes en orbite autour de la Lune dans le vaisseau Orion. Là, la version HLS arrive, mais elle est accueillie par une autre fusée Starship classique qui doit la ravitailler en carburant.
Une fois cette opération effectuée, les astronautes quittent Orion pour le HLS, qui atterrit sur la Lune à la verticale comme dans la célèbre BD.
Quel est le poids de la fusée Starship ? Et sa taille ?
La fusée la plus grosse du monde pèse environ 5 000 tonnes une fois chargée, avec un diamètre de 9 mètres pour une hauteur totale de 121 mètres. La Version 3, légèrement plus grande, devrait atteindre les 124 mètres mais peu d’informations supplémentaires sont connues à son sujet. Plus dans le détail, le booster Super Heavy atteint les 71 mètres et le premier étage de 50 mètres est juché dessus.
Quand est le prochain décollage du Starship ?
Tous les voyants sont au vert pour un prochain décollage pendant le mois d’octobre 2025. Le Starship doit avoir à peu près le même programme que pour le vol précédent. C’est-à-dire la séparation des deux étages, le largage de simulateurs de satellites Starlink, et un amerrissage contrôlé pour les deux parties de la fusée.
Deux petites variations tout de même : le booster est le même qui a déjà servi au huitième vol et le bouclier thermique a été assemblé différemment pour optimiser l’utilisation des tuiles de protection.
Où est testée la fusée ?
Le « village SpaceX » est situé à Boca Chica, tout au Sud-Est du Texas, à la limite de la frontière mexicaine — une ville quasi inhabitée que SpaceX a investie en 2014. Depuis l’arrivée du milliardaire, les habitants des villages alentour sont nombreux à dénoncer les dommages provoqués sur l’écosystème local.
C’est de là qu’ont décollé tous les essais précédents, avec des retombées prévues au-dessus de l’océan Indien et de l’océan Pacifique.
Comment le Starship sera-t-il réutilisé après une mission ?
Le but de cet engin est d’être entièrement réutilisable. Le premier étage Super Heavy doit revenir sur la piste d’où il a décollé, un peu à la manière du premier étage d’une Falcon 9. Petite nuance tout de même, il doit être rattrapé lors de l’atterrissage par des pinces géantes, le fameux Mechazilla.
Pour ce qui est du deuxième étage, il redescendrait un peu comme une navette, quasiment à l’horizontale, avant de se redresser dans la phase finale de l’atterrissage. Une fois tout ce monde à bon port, un nouveau départ doit être possible peu de temps après.
Pour l’instant, SpaceX se concentre surtout sur les manœuvres de largage de satellites et de rechargement en vol, mais garde ces autres objectifs de côté.
Quel est le rôle de Super Heavy ?
Le Super Heavy est le booster qui permettra au deuxième étage de s’envoler. D’une masse de 3 600 tonnes une fois chargé, il a toujours la même configuration, contrairement au reste du vaisseau qui pourra varier selon les besoins.
Propulsé par pas moins de 33 moteurs Raptor, il contient quatre réservoirs différents afin d’assurer la poussée au décollage, mais aussi le retour sur Terre. Il est particulièrement puissant, avec une poussée au décollage de 7 750 tonnes… Soit près de deux fois celle du Space Launch System de la Nasa.
Quel est le carburant de Starship ?
Pour décoller avec une telle puissance, le Starship utilise un mélange d’oxygène et de méthane liquides. Ils sont conservés à des températures extrêmement froides, autour des -200 degrés Celsius. Il y a environ 800 tonnes de méthane et 2 800 d’oxygène au moment du départ.
Pourquoi plusieurs Starship ont explosé ? L’explosion met-elle en danger le programme ?
En novembre 2023, alors que le décollage s’était bien passé, le booster a explosé juste après la séparation. Le deuxième étage, lui, a continué jusqu’à 149 km d’altitude, puis a explosé aussi quelques minutes après. SpaceX a indiqué que le premier souci était dû à un filtre qui s’était bloqué, empêchant l’oxygène liquide de se répandre dans le moteur. Pour le deuxième étage, une fuite a compromis le fonctionnement de certains moteurs et SpaceX l’a fait exploser par mesure de sécurité.
Depuis, 17 mesures correctives ont été prises pour que cela ne se renouvelle pas. Elon Musk s’affiche confiant, et il y a fort à parier que même en cas de nouvel échec, cela ne signera pas la fin du programme.
En 2025, les vols 7, 8 et 9 ont aussi connu des soucis avec des défaillances moteur du deuxième étage qui s’est désintégré dans l’atmosphère, au-dessus des îles Turques-et-Caïques, puis au-dessus des Bahamas. Le souci a été résolu pour le dixième vol.
Que vont devenir les autres fusées Falcon Heavy et Falcon 9 ?
Si le Starship a vocation à remplacer les fusées Falcon Heavy et Falcon 9, ces dernières ne sont pas encore prêtes à partir à la retraite. La Falcon 9 qui envoie des satellites Starlink, mais aussi des cargos à destination de l’ISS, a déjà des vols programmés pour les mois à venir. Elle ne devrait pas s’arrêter avant que le Starship ne soit pleinement opérationnel.
Pour la Falcon Heavy, il est déjà prévu de s’en servir pour des missions lunaires le prochain atterrisseur de Peregrine. Sans oublier les modules de la station lunaire Gateway, le télescope spatial Nancy-Grace-Roman ou la mission Dragon Fly à destination de Titan. Les contrats sont assurés jusqu’en 2028.
Où se trouve l’entreprise SpaceX ?
Outre le chantier de Boca Chica, SpaceX est présente un peu partout aux États-Unis. Il y a son siège à Hawthorne en Californie, avec une surface consacrée à l’assemblage des Falcon 9. Un banc d’essai se trouve également à McGregor, une ville du Texas entre Dallas et Austin. Sans oublier les bases de lancement en Floride : à Cap Canaveral et au centre spatial Kennedy. Ou encore à Vandenberg en Californie.
Quel est le but du projet SpaceX ?
Les objectifs de SpaceX peuvent paraître variables et changeants au gré des humeurs de son fondateur Elon Musk. Mais, s’il devait y avoir une ligne directrice, ce serait celle de la commercialisation du spatial. Avec ses lanceurs réutilisables, l’entreprise a pour but de rendre l’accès à l’espace moins coûteux, afin que les entreprises soient plus nombreuses à pouvoir lancer des charges utiles, même lourdes, en orbite.
Cependant, aujourd’hui le financement est surtout assuré par la commande publique, avec la Nasa qui compte sur l’entreprise pour le transport de ses astronautes et certaines de ses missions scientifiques vers la Lune, Mars ou ailleurs.
Elon Musk assure également que tout cela est dirigé vers un unique but plus lointain et incertain : la colonisation de Mars.
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