Piratage et IPTV : Alors que le vol de contenus atteint des sommets en France, surtout dans le secteur sportif, certaines sociétés s’emploient à traquer les diffuseurs illégaux. C’est en particulier le cas de Forward Global, qui partage certaines de ses méthodes.
Depuis plusieurs années, les distributeurs de contenus payants cherchent un trentenaire qui est à l’origine d’un service d’IPTV. La chaîne qui a déposé la plainte a identifié le responsable, mais personne ne parvient à le trouver. Pour le piéger, Forward Global, dirigée par Alexis Pinon, a été retenue. Cette entreprise experte en recherches d’informations en source ouverte (Osint) fait d’abord face à un échec : la cible possède une « hygiène numérique très élevée ».
Il y a environ un an, ses spécialistes ont finalement découvert une faiblesse : le compte Instagram de sa partenaire. Celle-ci, qui enseigne le yoga et le pilates, postait de nombreux selfies. En analysant ces photos, les experts de la société ont pu reconstituer le décor. Ils ont ainsi localisé son domicile « au fin fond de l’Asie ». « Nous avons dépêché une personne sur place, afin de pouvoir établir une assignation, le service illégal a ensuite été interrompu », raconte Alexis Pinon. Mission accomplie.

Piratage et IPTV Diffusion de contenus illicites sur Internet.
Bienvenue dans l’univers caché des entreprises qui recherchent ceux et celles qui vivent de la diffusion de contenus illicites sur Internet. Une activité mise en lumière en 2024 en raison des problèmes du football français, désormais diffusé par DAZN et BeIN Sports. Sur fond de nouveaux tarifs jugés excessifs, le piratage a effectivement atteint des sommets en France en 2024.
D’après un sondage, 37 % des personnes interrogées qui ont suivi le championnat cette année l’auraient fait illégalement. Bien qu’ils souhaitent dénoncer le piratage, les ayants droit évoluent cependant sur un fil : il ne faudrait pas qu’ils amplifient le phénomène en lui accordant trop de visibilité. Piratage et IPTV
🏴☠️ #ProtégerLaCréation | L’Arcom publie l’évaluation de l’impact de la consommation illicite de contenus audiovisuels et sportifs.
— Arcom (@Arcom_fr) November 28, 2024
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Piratage et IPTV : Chez Forward Global, le nouveau nom du groupe Avisa Partners (le changement de marque de ce spécialiste de l’intelligence économique et de la cybersécurité s’était accompagné l’année dernière de la vente à un ancien associé de l’activité d’influence digitale qui avait suscité la controverse), le département responsable de la lutte contre le piratage s’appelle Leakid. Comme le montrent les données des rapports de transparence de Google, cette société collabore notamment avec Canal+, France Télévision, ainsi que la Ligue de football professionnel.

Faire des recherches en tant qu’utilisateur ordinaire Piratage et IPTV
En cette période de fin décembre, Leakid a accueilli Numerama pour dévoiler ses méthodes de fonctionnement. Dans cette division regroupant une cinquantaine de personnes, tout démarre par une simple recherche sur Google ou sur un autre moteur de recherche. « C’est assez facile, l’idée est de se placer dans le rôle d’un utilisateur ordinaire désirant regarder une chaîne gratuitement », précise Julien Jacquemin, le coordinateur des partenariats stratégiques. Cela peut impliquer de chercher un flux IPTV illégal gratuit, un stream sous forme de liens M3U ou des forums offrant des playlists.
Piratage et IPTV Illustration avec un site questionnable, prétendument dédié aux « dernières tendances en matière de streaming IPTV et des conseils qui aident les utilisateurs à sélectionner les meilleures options ». Ce site accessible gratuitement tire principalement ses revenus de la publicité. Le jour de sa visite pour ce reportage, il s’agit de publicités pour un logiciel de VPN très connu.

680 millions d’URL signalées en un an
Piratage et IPTV Une fois que la page est identifiée, Leakid demande à Google de la retirer des résultats. Des demandes sont effectuées en grande quantité. L’entreprise informe le moteur de recherche d’environ 700 millions d’URL douteuses chaque année, puis essaie de joindre l’administrateur du site, par exemple en utilisant un formulaire ou en essayant des adresses email génériques. « Le taux de réponse est vraiment très faible, mais certains grands sites cherchent à survivre, ils se disent probablement que s’ils se montrent coopératifs, ils pourront continuer leurs opérations », ajoute Julien Jacquemin.
Une fois que l’administrateur a été contacté, il est désormais possible de signaler le problème à l’hébergeur, identifié par exemple en cherchant l’adresse IP du site sur un outil de recherche de nom de domaine Whois. Il s’agit alors de démontrer qu’il y a une atteinte et que le site concerné fait la sourde oreille. « Même s’il existe des hébergeurs moins coopératifs, il est possible d’obtenir des fermetures de contenus en 24 heures ou 48 heures », indique Julien Jacquemin. En France, la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) promulguée en 2004 et plus récemment par le Digital Service Act (DSA) régulent ces suppressions de contenu. Des demandes sensibles qui peuvent néanmoins susciter des controverses, comme en atteste ce tweet. Piratage et IPTV
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Telegram Piratage et IPTV
Tous les flux ne peuvent pas être interrompus. Cette méthode d’invisibilité présente néanmoins des limites. Pour les dispositifs vendus permettant de capter un flux frauduleux directement sur sa télévision, cette technique de nettoyage d’internet ne s’avère plus efficace. Certes, elle aide à freiner la publicité destinée à ces offres illégales. Cependant, les annonces, par exemple sur des sites de vente très populaires, « ne sont pas toujours explicites », reconnaît Alexis Pinon. De plus, d’autres flux, proposés par exemple sur Telegram Piratage et IPTV, ne peuvent être éliminés qu’avec le consentement de la plateforme.
L’alternative peut alors consister à effectuer des recherches plus approfondies pour identifier ceux qui proposent ces offres illicites. Ces investigations combinent sources ouvertes, enquêtes de voisinage et analyses de code pour, par exemple, déceler la signature d’un développeur. Des premières indications peuvent être recueillies en se rendant, avec des prestataires certifiés, dans un magasin vendant discrètement ce type d’offres. « On examine également si le site est promu sur les réseaux sociaux », poursuit Alexis Pinon. De la même manière, le flux d’argent des abonnements, généralement réglé via PayPal, virement bancaire, ou une carte prépayée, peut s’avérer instructif.