Le sultanat d’Oman mise sur la technologie spatiale pour diversifier son économie. L’entreprise Etlaq développe le premier spatioport du Moyen-Orient près de Duqm, avec plus ou moins de succès.
En 2023, plus de 90 pays menaient des programmes d’exploration spatiale, mais seulement une douzaine disposaient de spatioports actifs. Pour autant, quatre des dix sites de lancement les plus fréquentés au monde — sur un total de 22 — se trouvent aux États-Unis. La Russie et la Chine en exploitent chacune deux. Pour réduire la dépendance à ces grandes nations spatiales, une entreprise omanaise, Etlaq, développe un spatioport dans le désert d’Arabie.
Du pétrole aux étoiles
Largement dépendante du pétrole, l’économie du sultanat revoit sa copie en misant sur la technologie qui ne représentait que 2 % de son PIB en 2024. Mascate souhaite porter ce pourcentage à 10 % d’ici 2040, notamment grâce à Etlaq.
Oman coche toutes les cases pour offrir son premier port spatial au Moyen-Orient. Le pays est surnommé « Suisse du Moyen-Orient » du fait de sa stabilité politique, rare dans la région. Sa proximité avec l’équateur en fait également un lieu de lancement idéal car plus un site se rapproche de cette ligne, plus le décollage d’une fusée est facilité grâce à la vitesse de rotation de la terre — plus élevée au niveau de l’équateur. À titre d’exemple, le célèbre port spatial américain de Cap Canaveral se situe à 28° au nord de l’équateur quand le site d’Etlaq, basé à 165 kilomètres de la ville de Duqm, n’en est qu’à 18°, juste derrière le site de l’Agence spatiale européenne en Guyane.

Vents contraires
L’entreprise a effectué son premier lancement en décembre 2024 à l’aide de la National Aerospace Services Company (NASCOM), une entreprise privée omanaise fondée peu après la création du programme spatial national établi par décret royal en 2020. La fusée-sonde Duqm-1 a survolé la limite de l’atmosphère, puis est retombée sur Terre comme prévu.
Néanmoins, depuis ce succès, les annulations se sont multipliées. En février 2025, Etlaq annonçait cinq lancements effectués avec des entreprises étrangères depuis son spatioport pour l’année, le sultanat ne disposant pas encore de l’expertise nationale nécessaire pour mener un programme spatial de grande envergure. Le premier lancement de fusée de l’année — Horus-4 — devait avoir lieu en avril et être assuré par la société britannique Advanced Rocket Technologies. L’appareil n’a néanmoins pu atteindre l’espace en raison de vents violents et de problèmes techniques. En juillet, un autre lancement a été annulé : celui d’une fusée construite par la société néo-zélandaise Stellar Kinetics nous apprend le média Rest of World. Une vérification préalable au lancement a révélé un problème avec l’actionneur de la fusée, qui permet de contrôler l’orientation du véhicule pendant le lancement.
La crédibilité au pas de tir
Depuis, aucune autre tentative n’a été menée alors que des missions étaient prévues pour octobre, novembre et décembre. Etlaq espère néanmoins à terme atteindre un rythme de lancement “de 10, 20 voire plus de 30 lancements par an” selon Julanda Riyamani, la directrice commerciale de la société qui s’exprimait lors d’une conférence de presse en février.
Ces objectifs semblent tenir compte de l’essor de l’industrie spatiale puisqu’en 2023, le monde a envoyé 2 895 objets dans l’espace, contre 452 cinq ans plus tôt, soit une croissance de près de 500 %. L’opportunité est donc réelle mais la preuve passera par la répétition des vols dans le désert d’Arabie.
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