Le Starship était une erreur : un ancien chef de la NASA dénonce la fusée géante de SpaceX

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Voir les Américains sur la Lune avant les Chinois paraît de plus en plus improbable. Alors que le programme Artémis subit d’importants retards, l’ancien administrateur de la NASA Jim Bridenstine s’est exprimé devant le Sénat américain et a rejeté la faute sur le Starship de SpaceX.

Pour Jim Bridenstine, c’est clair : aujourd’hui, « il est très improbable que nous atterrissions sur la Lune avant la Chine ». Entendu le 3 septembre devant la commission du commerce, de la science et des transports, au Sénat des États-Unis, celui qui fut administrateur de la Nasa de 2018 à 2021, et aujourd’hui élu républicain de l’Oklahoma, est très critique sur les choix de son ex-agence dans le développement du programme Artémis.

Le principal grief mobilisé lors de son audition : choisir le Starship comme support pour alunir les missions Artémis 3 et 4. L’architecture de ces projets consiste en plusieurs lancements d’une version spéciale du lanceur lourd, peut-être une douzaine, voire plus, avec des manœuvres pour le recharger en carburant durant le vol.

Pour aller plus loin
Source : SpaceX
Vue d'artiste du Starship de SpaceX posant des astronautes sur la Lune. // Source : SpaceXVue d'artiste du Starship de SpaceX posant des astronautes sur la Lune. // Source : SpaceX
Vue d’artiste du Starship de SpaceX posant des astronautes sur la Lune. // Source : SpaceX

Un mauvais timing dans le choix ?

Ce choix, date d’avril 2021, après le départ de Jim Bridenstine, et avant que son successeur n’ait été choisi. Il n’y avait alors qu’un administrateur de transition. C’est là que les choses n’auraient pas dû se passer ainsi.

« J’ignore ce qui s’est passé, mais la plus grosse décision de l’histoire de la Nasa, au moins depuis que je m’intéresse au sujet, a été prise en l’absence d’un administrateur », a-t-il asséné. Le parlementaire affirme qu’aucun chef n’aurait accepté ce type d’architecture reposant sur une technologie pas assez mûre pour être utilisée avant des années, surtout dans le cadre d’un projet aussi crucial pour les États-Unis.

L’audition avait lieu lors d’un débat au Sénat autour de cette course pour la Lune avec la Chine. Tous les participants s’accordent à dire que les États-Unis sont en train de payer une absence de vision générale et une série de mauvaises décisions stratégiques, mais aucun n’a apporté une solution pour y remédier.

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Jim Bridenstine devant le Sénat. // Source : Capture d’écran durant la Commission.

Jim Bridenstine a posé la question : « Que faire ? (…) Nous n’allons pas poser des drapeaux et des empreintes de pas sur la Lune comme nous l’avons fait entre 1969 et 1972. Ce que nous faisons maintenant, c’est là où nous allons partir, et nous allons partir au-delà de la Lune ». L’élu fait ainsi référence à un autre projet, la Lunar Gateway, la future station lunaire toujours en assemblage, mais qui voit son budget menacé par Donald Trump, lequel n’y voit pas un grand intérêt.

« Ce sera décourageant »

Un autre participant au débat, John Shaw, ancien lieutenant général de la Space Force, a aussi dénoncé la situation : « Si nous n’unissons pas nos efforts, nous risquons de nous retrouver, non pas en position de leader, mais avec de plus en plus de désavantages ». Après l’audience, Bill Nye, vulgarisateur-star et président de l’organisation The Planetary Society, s’est désolé : « La Chine va poser son drapeau au pôle sud de la Lune. Ce sera dans tous les journaux du monde. Ce sera décourageant. »

Dans le même temps, les regards convergent vers le Space Launch System (SLS), un lanceur développé par la NASA qui est parfois surnommé « lanceur du Sénat » pour ironiser sur le soutien que ce véhicule reçoit de nombreux élus. L’administration Trump souhaite réduire le budget qui lui est alloué et l’abandonner après la mission Artémis 3 pour le remplacer par des lanceurs commerciaux.

Des problèmes au-delà de SpaceX

Ces doutes arrivent au terme de longs retards autour du Space Launch System (SLS). Avec un surcoût estimé à 6 milliards de dollars, le lanceur géant construit par la NASA a connu de nombreuses difficultés qui ont pesé sur le programme Artémis, forçant à repousser le calendrier initial de six ans, ce qui est beaucoup, même pour un secteur habitué à ce genre de contretemps.

Le satellite miniature est parti avec la fusée SLS. // Source : Flickr/CC/NASA/Joel Kowsky (photo recadrée)Le satellite miniature est parti avec la fusée SLS. // Source : Flickr/CC/NASA/Joel Kowsky (photo recadrée)
Lancement de la fusée SLS. // Source : Flickr/CC/NASA/Joel Kowsky (photo recadrée)

Quant à Orion, véhicule spatial, censé transporter les astronautes jusqu’à la Lune, tout n’est pas de tout repos non plus. Après un vol réussi lors d’Artémis 1, il avait montré quelques signes de faiblesse qui avaient forcé la NASA à repousser le voyage habité d’Artémis 2. Celui-ci est actuellement prévu pour avril 2026.

Tout n’est donc pas à mettre sur le dos de SpaceX. Reste que, malgré tout, le SLS a prouvé qu’il fonctionnait. Une réalité qui a poussé le sénateur Ted Cruz à demander une rallonge de pas moins de 10 milliards de dollars pour poursuivre le programme. Selon lui, même si le lanceur est cher, il répond aux attentes, contrairement au Starship qui, lui, pourrait être plus valable à long terme. Reste à savoir quand, si ce sentiment se confirme.

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