je voudrais pas faire ma raclette, mais le film s’annonce pas super (critique sans spoilers)

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Trois ans après le premier Kaamelott, Alexandre Astier revient dans un nouveau film, le 22 octobre 2025. Intitulé Kaamelott : Deuxième Volet Partie 1, le long-métrage remet en scène des héros bien connus de la saga, et des petits nouveaux. Mais un personnage pourtant essentiel n’est pas de la partie. Voici notre avis, sans spoilers, sur cette suite très attendue.

Il faut savoir penser contre son cerveau, disait Bachelard. Peut-on, en tant que fan de Kaamelott, parvenir à réfléchir contre l’affection que l’on porte pour cet univers, et avoir un regard lucide sur Kaamelott : Deuxième Volet Partie 1, dont la sortie au cinéma est prévue le 22 octobre 2025 ? Voilà sans doute toute la difficulté qu’une bonne partie des aficionados d’Alexandre Astier rencontrera avec ce deuxième film.

Car, comme pour le premier, sorti à l’été 2021, c’est un sentiment mêlé qui nous saisit au visionnage. Une impression assez contrastée, déjà en raison de la production même du projet : un long-métrage aux allures de diptyque, avec deux films tournés simultanément, mais aux sorties décalées. Une première partie sort donc cet automne, et la suivante est prévue pour 2026.

Un édifice incomplet

Résultat des courses ? Cet ensemble que l’on présume plus cohérent une fois que l’on articule les deux parties entre elles — pour former un tout complet que l’on peut saisir pleinement — apparaît pour le moment sous la forme d’un édifice plutôt bancal : beaucoup de fils narratifs sont tirés dans cette Partie 1, et aucun n’a vraiment droit à sa résolution, ce qui nous laisse un peu au milieu du gué.

Ainsi, faute de Partie 2 pour boucler le chemin entamé par ce premier tableau, on se retrouve avec plusieurs pistes lancées par le scénario qui s’entrecroisent dans un montage qui ne cesse de nous faire passer du coq à l’âne. En résulte une expérience fragmentaire, mais qui reflète peut-être bien l’état de désunion actuel des chevaliers de la Table Ronde, chacun traçant sa route malgré la problématique commune (Lancelot).

Il y a aussi des territoires familiers dans ce film. // Source : SND
Il y a aussi des territoires familiers dans ce film. // Source : SND

Ici, des (nouveaux) aventuriers qui mènent une quête digne de la Table Ronde. Là, un Lancelot à la dérive. Plus loin, on retrouve un Arthur coincé entre son lâcher-prise et les mises en garde divines qui cherchent à lui rappeler qu’il vaudrait mieux, pour lui, qu’il tienne son rang. Et à côté de tout cela, encore d’autres arcs qui avancent en parallèle. On se balade beaucoup dans ce monde médiéval, avec parfois quelques décors tout à fait exotiques.

Malgré cette profusion de paysages dépaysants, où l’on voyage tout à la fois vers le Grand Nord (tournage en Islande) ou vers des contrées plus chaudes (à Malte), sans oublier les terres de Logres, le sur-place guette pourtant. Le film semble se cantonner à mettre tous les éléments en place pour la Partie 2, afin de les développer à ce moment-là. Des trajectoires personnelles bougent cependant, comme Arthur et Lancelot, avec des développements notables, qui préfigurent un virage narratif à venir.

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ?

Mais ce découpage n’est pas la seule frustration du film. On est aussi partagés entre des retrouvailles heureuses avec toute une galerie de personnages familiers, depuis bientôt deux décennies, et des absences criantes. Où sont passés Yvain, le chevalier au Lion (Simon Astier) et, surtout, Perceval (Franck Pitiot) ?

Évidemment, le film ne peut pas totalement faire l’impasse dessus. Le cas tout particulier de Perceval avait d’ailleurs été évoqué en amont de la sortie, par Alexandre Astier lui-même. L’acteur n’a pas souhaité revenir dans le projet, pour une raison qui n’a pas été explicitée. Mais Perceval n’a pas disparu pour autant de l’histoire. Il est simplement évoqué à travers des souvenirs ou des lettres qu’il a expédiées.

Perceval, à droite. // Source : SNDPerceval, à droite. // Source : SND
Perceval, à droite. // Source : SND

Cette absence est d’ailleurs un fil rouge du récit, car on y fait allusion régulièrement. Son ombre plane tellement qu’elle en devient presque pesante, comme une présence insaisissable, mais omniprésente. Cependant, l’écriture semble laisser une porte ouverte à un possible retour pour le Volet 3 (comme les Parties 1 et 2 ont été tournées en même temps, on ne devrait pas le revoir en 2026). Le pire n’est jamais sûr.

Si les fans seront ravis de retrouver leurs héros familiers, qu’en est-il des petits nouveaux ? Certains, déjà présents dans le premier volet, sont de retour, et font encore une fois mouche, servis par de très bons dialogues. On pense notamment à Guillaume Gallienne (Alzagar) et Clovis Cornillac (Quarto). Idem pour certains vrais nouveaux, qui se fondent parfaitement dans le décor. Daniel Mesquich, en Conle le Fameux, s’avère d’ailleurs remarquable.

Pour d’autres, la transition dans l’univers Kaamelott est moins évidente. Haroun (Casparzh) et Linh-Dan Pham (Vareznota) peinent à exister, quand d’autres, à l’image de Redouane Bougheraba (Silas) ou Virginie Ledoyen (Anna de Tintagel, dans une version beaucoup plus ténébreuse), ont plus de relief, malgré des répliques encore timides. Peut-être faudra-t-il du temps pour que ces figures s’ancrent réellement dans l’univers, pour qu’ils y laissent une marque plus impérissable.

Une tonalité plus grave

La répartition des rôles reste d’ailleurs inégale, et laisse à penser qu’Alexandre Astier a envie de faire figurer tout le monde — même si cela est souvent justifié narrativement. On frôle ainsi le fan service avec de brèves apparitions : le jurisconsulte (Christian Clavier), Cryda (Claire Nadeau) ou Josée Drevon (Ygerne de Tintagel) n’ont guère droit qu’à quelques brèves scènes. Quant à Alain Chabat (Duc d’Aquitaine), il n’est là que pour amuser la galerie. Frustrant, forcément.

Connu pour ses textes ciselés, Alexandre Astier a évidemment fourni une riche matière à ses comédiens et comédiennes, mais, en raison d’un film qui adopte une tonalité plus sombre, l’humour se fait rare et, parfois, tout tombe à plat. On le savait depuis la fin de la série : Kaamelott a pris un virage plus dramatique, et les films prolongent clairement cette tendance. Le ton léger en pâtit forcément, ce qui aboutit à une œuvre hybride, qui n’aurait pas totalement achevé sa mue vers un récit d’aventures classique.

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Le roi Arthur et son épouse Guenièvre. // Source : SND

Contrasté, Kaamelott Deuxième Volet Partie 1 impressionne cependant par une ampleur remarquable, que l’on constatait déjà dans le film précédent : des effets spéciaux soignés, une belle photographie, des décors exotiques variés, mais sans originalité ou prise de risque particulière dans la mise en scène. Bien qu’en manque d’action, le film épargnera au moins au public de gros creux dans la dynamique, comme la partie de robobrol dans le Volet 1, fort longue.

Kaamelott – Deuxième Volet, Partie 1 est donc à voir comme un film de transition, coincé par la perspective de la Partie 2. Les fans pardonneront peut-être toutes ces imperfections, ravis de voir le saupoudrage de gimmicks propres à la série ici et là. Les autres, sans doute moins, face à un édifice qui est encore largement inachevé. Il reste deux films à Alexandre Astier pour parachever son œuvre. Et peut-être finir cette mue, pas encore tout à fait complète, de Kaamelott vers une œuvre plus chevaleresque.

Le verdict

Kaamelott : Deuxième Volet Partie 1 se présente comme un film de transition, laissant une impression mitigée, avec un récit fragmenté et inachevé. Si la mise en scène, les effets spéciaux et les décors soignés séduisent, le ton plus sombre et la réduction de l’humour marquent un virage vers une narration plus dramatique, mais sans pleinement achever sa transformation en aventure épique. L’absence de personnages clés, comme Perceval, et les arcs narratifs non résolus créent une frustration, bien que les nouveaux venus et les retours de personnages familiers apportent des touches intéressantes. Ce film semble avant tout poser les bases de la Partie 2, laissant une œuvre hybride et incomplète qui satisfera surtout les fans, mais risque de décevoir ceux qui attendent une histoire cohérente et réellement développée.

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