Selon les révélations du site Intelligence Online, l’armée de Terre française aurait déjà entériné la fin du programme Patroller. Conçu par Safran et livré pour la première fois en 2024, ce drone de renseignement n’aura connu qu’une brève carrière industrielle avant que le projet ne soit abandonné. La faute à une succession de retards techniques et à l’évolution rapides des besoins sur le front.
Nous sommes au Salon du Bourget 2019, et le Patroller fait sensation.
L’engin, présenté aux visiteurs parmi les stands extérieurs, attise à la fois la curiosité et l’espoir. À cette époque, l’armée française est à la recherche d’un remplaçant pour le drone tactique SDTI-Sperwer de Sagem, opéré depuis 2004.
Mais, quelques mois plus tard, en décembre 2019, lors d’un vol de réception industrielle destiné à une future livraison, le Patroller s’écrase près de la base aérienne 125 d’Istres, dans le sud de la France. Un événement qui marque le tournant d’un projet rapidement jugé inadapté aux besoins des forces armées.
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Aujourd’hui, bien que plusieurs engins opèrent depuis mai 2024, le site Intelligence Online révèle ce 10 septembre 2025 que plusieurs sources militaires évoquent désormais l’abandon complet du programme Patroller.
Des retards à répétition dans un contexte mouvant
Depuis la sélection du projet en 2016, le Patroller s’est principalement heurté à deux éléments majeurs : les retards techniques répétés et une évolution radicale des besoins opérationnels sur le terrain.
Initialement, ce drone de moyenne altitude longue endurance (MALE) et ses stations de contrôle devaient être livrés dès 2020, mais le crash survenu en 2019 a entraîné un premier report à 2022, puis à 2024.
Dans le même temps, le contexte politico-militaire s’est profondément transformé, notamment avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Les retours d’expérience recueillis sur le front ont alors mis en lumière les limites du Patroller face aux nouvelles exigences. L’engin est jugé trop imposant avec ses 18 mètres d’envergure, et contraint à des aérodromes fixes souvent inadaptés aux conditions ukrainiennes.
Surtout, le Patroller pêche par son rayonnement électromagnétique, comme le confie, sous couvert d’anonymat, un officier expérimentateur de la Section Technique de l’Armée de Terre à Intelligence Online : « Le Patroller agit comme une antenne volante : il émet en continu des signaux qui le rendent facilement repérable par l’ennemi. Dans un environnement comme celui du Donbass, saturé de moyens de brouillage, d’interception et de drones intercepteurs hostiles, il serait détecté et abattu en quelques minutes. »
Un projet officiellement toujours vivant
Dans sa communication officielle, l’industriel français Safran, concepteur du Patroller, n’acte pas la fin du programme et met en avant ses engagements à l’export. En juin 2024, la Grèce a notamment signé un contrat pour l’acquisition de quatre drones Patroller.
Safran insiste par ailleurs sur les « briques technologiques » développées dans le cadre du programme, pointant leur potentiel de réutilisation dans les futurs projets de drones actuellement à l’étude.
Une communication résolument tournée vers l’avenir, où les besoins opérationnels sur le terrain guideront les prochaines initiatives militaro-industrielles françaises.
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