Pour défendre l’espace aérien ukrainien, et protéger les civils, des voix appellent depuis longtemps à verrouiller le ciel. En France, le principe de ce plan, appelé SkyShield, fait l’objet d’une pétition pour persuader le gouvernement à mobiliser davantage d’avions et de systèmes de défense sol-air.
Face aux incessantes attaques aériennes de la Russie contre l’Ukraine, bien souvent de nuit, et frappant les populations civiles quasi-systématiquement, faut-il verrouiller le ciel ukrainien une bonne fois pour toutes ? C’est ce que défend une récente initiative, appelée « SkyShield », qui se manifeste par une pétition lancée sur Change.org.
Objectif affiché des pétitionnaires, qui ont dépassé les 10 000 voix en date du 2 septembre ? Convaincre les puissances occidentales de s’engager davantage dans la défense aérienne de leur allié, en participant activement à l’interception des missiles et des drones envoyés par Moscou contre son voisin, y compris, si besoin, en déployant des avions.
Appel à Emmanuel Macron
Plus particulièrement, la pétition s’adresse à Emmanuel Macron, chef des armées, et à la tête de l’une des forces aériennes les plus significatives du continent. L’appel survient au moment où doit avoir lieu une autre réunion de la coalition des volontaires à Paris, le 4 septembre, avec le chef de l’État et d’autres dirigeants, dont Volodymyr Zelensky.
La pétition relève qu’un tel engagement constitue un devoir moral pour Paris doublé d’un enjeu stratégique. Outre l’aide évidente que cela apporterait à la population ukrainienne, en détruisant en vol un certain nombre de menaces, cela pourrait amener Moscou à revoir ses plans, et peut-être à négocier, si ses attaques ne produisent plus autant d’effets au sol.

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Surtout, les pétitionnaires rappellent que cette contribution à la défense du ciel ukrainien est à la portée de la France. Le pays a en effet déjà détruit des missiles et des drones qui ont décollé du Yémen pour frapper Israël. Même chose pour des menaces parties de l’Iran qui ciblaient des navires croisant en mer Rouge.
Ce serait même une exigence juridique, car, est-il rappelé, l’Ukraine est « un pays auquel la France a accordé des garanties via la Déclaration de sécurité de la France à l’Ukraine du 5 décembre 1994 », comme la Chine d’ailleurs, en complément des fameux mémorandums de Budapest conclus entre l’Ukraine, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni.


Comment ce bouclier serait positionné en Ukraine ?
Si SkyShield voit le jour, ce bouclier du ciel n’impliquerait pas de contact direct entre les forces russes et les forces françaises — ou européennes / occidentales. Il s’agirait de rester loin de la ligne de front, et de se limiter à la destruction des missiles et des drones dont la trajectoire vise clairement des populations et infrastructures civiles.
Et il y a de quoi faire : « 93 % des missiles visent délibérément des infrastructures civiles », note la pétition. Il y a eu 2 200 attaques contre des établissements de santé, plus de 3 800 écoles endommagées, au moins 600 sites culturels et 300 églises frappés, sans parler du réseau électrique, du chauffage urbain, des stations de pompage, des supermarchés…


Comme le pointait Le Grand Continent en mai dans un point de situation, les attaques aériennes russes contre l’Ukraine ont augmenté de 65 % depuis le retour au pouvoir de Trump. Et rien que sur le mois de juin 2025, l’armée russe a lancé près de 5 000 drones. C’est quinze fois plus que ce qui a été observé en juin 2024.
Le plan prévoit deux volets :
- En Ukraine, des systèmes de détection et d’interception, incluant des radars et des batteries de défense aérienne. De tels équipements sont d’ores et déjà cédés à Kiev, mais en trop petite quantité. Cela pourrait être des systèmes Patriot, mais aussi des batteries IRIS-T, NASAMS et autres ;
- À proximité de l’Ukraine, comme en Pologne ou en Roumanie, des avions pourraient décoller à tout moment pour abattre à distance les missiles et les drones. Aucun contact avec l’aviation russe : les aéronefs demeureraient à plusieurs centaines de kilomètres de la ligne de front ;


Ce bouclier aérien européen, dont le nom ressemble à tout autre projet de défense aérienne (European Sky Shield Initiative), consisterait donc, dans les grandes lignes, à couvrir essentiellement l’ouest et le centre du pays, jusqu’à la capitale, mais aussi le sud, dont la grande ville d’Odessa. La partie plus à l’est serait essentiellement confiée à l’armée ukrainienne.
La proposition, forcément sensible politiquement, est soutenue par plusieurs généraux français, mais aussi des députés, des officiers, des journalistes, des responsables d’ONG, des experts en géopolitique et plusieurs autres personnalités. Des appels similaires existent dans d’autres pays européens, pour avoir une coalition d’ampleur.
Selon un sondage d’Ipsos daté de février 2025, 66 % des Français estiment que le soutien européen à l’Ukraine doit continuer. Une majorité considère aussi qu’il faut au minimum maintenir le niveau d’aide militaire actuel au pays, voire l’augmenter. En revanche, la perspective d’envoi de troupes au sol divise franchement l’opinion en deux.

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