Cette bactérie ultra-résistante est peut-être l’alliée insoupçonnée pour la survie dans l’espace

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Chroococcidiopsis, de son petit nom, est une cyanobactérie extrêmement résistante. Dans un article pré-publié dans la revue Acta Astronautica, la chercheuse Daniela Billi de l’Université de Rome présente ses incroyables capacités et son intérêt toujours plus important en astrobiologie.

Chroococcidiopsis est une petite cyanobactérie extrémophile, c’est-à-dire dont les conditions de vie normales sont létales pour les autres organismes, qui possède de nombreux « pouvoirs ». Dans un article pré-publié en septembre 2025 dans la revue Acta Astronautica, la chercheuse Daniela Billi de l’Université Tor Vergata de Rome présente les différents rôles que ce petit organisme peut avoir pour les astrobiologistes.

L’astrobiologie est une branche de l’astronomie et de la biologie qui étudie la vie sur des astres autre que la Terre.

Ce n’est pas la première fois que la bactérie Chroococcidiopsis, gentiment surnommée Chroo dans un article de Universe Today du 9 septembre, est étudiée. Retrouvée dans les déserts des différents continents de notre planète, allant jusqu’à l’Antarctique (qui est une forme de désert glacé), Chroo est plus que robuste et a permis d’étudier comment la vie pourrait subsister dans l’espace et sur d’autres planètes.

Une résistance impressionnante à différentes conditions extrêmes

Dans différentes expériences, les chercheurs ont soumis la cyanobactérie à différents stress, comme :

  • de fortes radiations UV ou ionisantes comme celles retrouvées sur Mars,
  • une sécheresse importante,
  • la simulation d’une atmosphère et du sol de la planète rouge.

Pour commencer, les résultats ont démontré que la résistance aux rayons UV de la cyanobactérie était particulièrement importante. Alors que, d’habitude, c’est un facteur provoquant la mort des cellules ou, au moins, lui causant de graves dommages, Chroo, elle, a réussi à maintenir son activité cellulaire, mais aussi à rester viable après exposition. Comment ? Grâce, entre autres, à un puissant mécanisme de réparation de l’ADN et un système antioxydant très efficace.

Matériel de vol EXPOSE-R2 avec des cellules séchées de Chroococcidiopsis sp. 029 mélangées à l'analogue de la régolith martien pour simuler des conditions de type Mars pour l'expérience BIOMEX sur la réponse des champignons contenant de la mélanine à l'espace. Après l'exposition, les cellules ont été renvoyées sur Terre et réhydratées pour le séquençage de l'ADN. // Source : Roscosmos/ESAMatériel de vol EXPOSE-R2 avec des cellules séchées de Chroococcidiopsis sp. 029 mélangées à l'analogue de la régolith martien pour simuler des conditions de type Mars pour l'expérience BIOMEX sur la réponse des champignons contenant de la mélanine à l'espace. Après l'exposition, les cellules ont été renvoyées sur Terre et réhydratées pour le séquençage de l'ADN. // Source : Roscosmos/ESA
En 2022, une expérience a étudié la réponse de ces bactéries à l’espace, dans une simulation des conditions sur Mars. // Source : Roscosmos/ESA

Comme l’explique l’article de Universe Today, exposées à des températures extrêmes allant jusqu’à -80°, les Chroococcidiopsis « semblaient se vitrifier, entrant dans un état de dormance, comme du verre, dont elles se réveillaient dès que les conditions s’amélioraient ».

Enfin, la cyanobactérie pourrait réussir à survivre sur un sol martien en produisant de l’oxygène à partir de ces sols et la photosynthèse, et cela, alors même qu’elle est sous lumière infrarouge. La chercheuse Daniela Billi explique que cette caractéristique « soutient la possibilité d’une photosynthèse exotique dans les exoplanètes en orbite autour des étoiles naines M, les étoiles les plus courantes de notre galaxie qui se caractérisent par une forte émission infrarouge ».

Des implications directes en astrobiologie

Cette capacité à faire de la photosynthèse sous de la lumière infrarouge suscite de plus en plus l’intérêt des chercheurs, qui sont en train de s’en inspirer pour créer de nouvelles technologies. Le but est, en se basant sur des bactéries comme Chroo, de développer des systèmes pouvant « soutenir les voyages humains dans l’espace lointain et les avant-postes sur la Lune et Mars ».

La chercheuse développe : « L’utilisation de cyanobactéries lithotrophes [c’est-à-dire qui assimilent les minéraux] dans la technologie appelée ISRU [Utilisation de Ressources In-Situ] tire parti de leur capacité à produire de l’oxygène et à fixer le carbone, en utilisant des ressources locales telles que les nutriments du sol lunaire et martien et le dioxyde de carbone de l’atmosphère martienne. »

D’autres études continueront d’explorer les potentialités impressionnantes de Chroococcidiopsis et des cyanobactéries, l’une des meilleures alliées, pour l’instant, des astrobiologistes.

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