Ce missile russe « quasiment impossible à arrêter » serait en réalité déboussolé par une chanson

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Vanté il y a encore quelques années pour son caractère prétendument inarrêtable, le missile hypersonique russe Kinzhal a essuyé plusieurs revers depuis son déploiement sur le champ de bataille ukrainien. Des échecs dus en partie aux innovations dans les systèmes de brouillage ukrainiens, qui utilisent également ces technologies pour envoyer un message mélodieux à l’adversaire.

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, tout semble se brouiller. Sur le terrain, les signaux de communication sont mis à rude épreuve, tandis que sur le front médiatique, les déclarations d’aujourd’hui contredisent souvent celles d’hier.

S’il existe une arme qui incarne parfaitement ce flou permanent, c’est bien le missile Kh-47M2 Kinzhal. Présenté comme invincible par le Kremlin et qualifié de « quasiment impossible à intercepter » par Joe Biden en 2022, ce missile a pourtant été abattu à plusieurs reprises depuis son déploiement, notamment grâce aux systèmes Patriot fournis par les États-Unis à l’Ukraine.

Problème : ces systèmes disposent de ressources limitées, tant en stocks qu’en capacités d’engagement. Les forces armées ukrainiennes ont donc dû élaborer d’autres méthodes pour perturber la trajectoire du Kinzhal.

Dans un article publié le 20 novembre 2025 par le média américain 404 Media, un membre d’une unité ukrainienne baptisée Night Watch et spécialisée dans la guerre électronique affirme avoir déployé un dispositif capable de faire dévier le missile, dont la vitesse atteindrait, selon certaines sources, Mach 5,7.

Un système qui reposerait sur la diffusion d’une chanson nationaliste ukrainienne et qui vient, une fois de plus, brouiller les pistes quant aux véritables performances du Kinzhal.

Sur quoi repose le brouillage ?

Concrètement, le missile Kinzhal s’appuie sur le système satellitaire GLONASS pour guider sa trajectoire. Selon les équipes de Night Watch, l’analyse des premiers missiles interceptés a révélé que leurs technologies embarquées étaient bien plus obsolètes que ne le laissait entendre la communication russe.

Bien qu’équipés d’antennes CRPA (Controlled Reception Pattern Antenna), censées les protéger du brouillage et du piratage électronique, ces missiles se sont avérés vulnérables à une usurpation des signaux de navigation.

Forte de ces découvertes, l’unité Night Watch a déployé le système Lima EW qui va au-delà du simple brouillage classique par émission de bruit radio. Le dispositif injecte également de faux signaux, usurpant ceux de la navigation du missile et le pousse à croire subitement qu’il se trouve à des positions très éloignées du champ de bataille ukrainien, en l’occurrence à Lima au Pérou.

Cette attaque impose alors au projectile une modification soudaine de trajectoire, à laquelle sa structure n’est pas conçue pour résister à très haute vitesse. Selon Night Watch, le système Lima EW leur aurait permis d’abattre 19 Kinzhals en seulement deux semaines.

Une chanson nationaliste au cœur de l’utilisation ukrainienne

La particularité dans l’utilisation de cette technologie ? Le signal envoyé par les forces ukrainiennes est une chanson nommée Notre Père est Bandera, transformée en code binaire et transmise directement au système de navigation du missile.

Le choix de cette chanson est un clin d’œil ironique : Stepan Bandera est une figure controversée de l’histoire nationaliste ukrainienne. Il a notamment dirigé l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B), dont les membres ont été impliqués dans des pogroms contre les populations juives. Il a également proclamé la création d’un État ukrainien indépendant en juin 1941, espérant obtenir le soutien du régime nazi, ce qui lui a valu d’être arrêté puis emprisonné par les Allemands.

Bandera est rapidement devenu un épouvantail politique brandi par le régime russe pour discréditer les aspirations ukrainiennes, comme l’explique un membre de Night Watch à 404 Media : « C’est une sorte de blague. [Bandera] est un nationaliste ukrainien et la Russie essaie de l’instrumentaliser dans sa propagande pour faire croire que tous les Ukrainiens sont nazis. Ils cherchent constamment à effrayer les Russes en leur faisant croire que, culturellement, les Ukrainiens sont tous comme Bandera. »

Pour faire face à Lima EW, l’unité Night Watch affirme que la Russie a tenté d’améliorer le Kinzhal en multipliant les récepteurs satellites sur chaque missile. L’espoir étant de sauter de récepteur en récepteur pour éviter le brouillage ukrainien.​ Selon l’unité ukrainienne, cette stratégie est inefficace : le système Lima EW couvrirait tous les types de récepteurs présents, ce qui empêcherait le missile de se reconnecter à un satellite une fois dans la zone brouillée.

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