Le programme SCAF n’est pas perdu, mais il n’est pas au mieux de sa forme. Les tensions entre industriels perdurent. Côté allemand, il a été rapporté la perspective d’un départ du projet. Côté français, le patron de Dassault Aviation se dit prêt à se débrouiller pour créer un avion de 6e génération de A à Z.
Le programme SCAF (Système de combat aérien du futur) conduit par la France et l’Allemagne va-t-il exploser en plein vol ? Ce scénario, encore incertain, a repris de la vigueur ces derniers jours avec des développements rapportés par Politico et le Financial Times suggérant que Berlin pourrait en fin de compte lâcher Paris et lancer un autre projet de son côté.
Les rapports des médias laissent entendre que l’Allemagne envisagerait de se rapprocher de la Suède et du Royaume-Uni, qui coopèrent déjà ensemble sur le programme Tempest, avec l’Italie. Si cela advenait, cela laisserait alors la France avec l’Espagne, aussi membre du SCAF, et peut-être la Belgique, qui candidate ; mais son arrivée suscite des crispations.
Il reste à voir si les tensions actuelles dans la répartition des tâches et la gouvernance du SCAF — qui doit notamment aboutir à un avion de combat de nouvelle génération pour ces pays — sont graves au point de faire voler en éclats l’architecture actuelle. Un tel évènement porterait un vilain coup à l’entente franco-allemande, assurément.

Une mécanique grippée qui maintient des tensions entre industriels
En attendant, la mécanique autour du SCAF semble toujours grippée, ce qui alimente les sorties médiatiques et la brouille entre les industriels impliqués (Dassault Aviation pour la France, Airbus côté Allemagne et Indra Sistemas pour l’Espagne). La dernière intervention revient à Éric Trappier, le patron de Dassault Aviation, réagissant à un hypothétique départ allemand.
Pour l’intéressé, c’est clair : Dassault Aviation et la France survivront à cette éventualité. Ainsi, selon des propos rapportés par des médias qui ont couvert l’inauguration d’une usine Dassault à Cergy (Val d’Oise), Dassault a le savoir-faire et les capacités pour tout faire de son côté, si jamais une telle perspective s’imposait.
« Je veux bien que les Allemands grondent. Ici, on sait faire [des avions de combat]. S’ils veulent faire tout seuls, qu’ils fassent tout seuls. On sait faire [un avion de combat] de A jusqu’à Z. On le démontre depuis plus de 70 ans. On a les compétences. On y est tout à fait ouvert, y compris avec les Allemands », a-t-il dit, cité par le site Zone Militaire.
Des propos dont la teneur ont été confirmés un autre journaliste spécialisé défense chez Challenges. « Est-ce que qu’on saurait faire un avion de 6e génération seuls ? La réponse est oui. On saurait le dessiner, le fabriquer, le faire voler et le produire ». D’ailleurs, le Rafale, son fleuron actuel, en est la preuve la plus manifeste, pour la 4e génération.

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