Une enquête menée par 404 Media révèle les dessous d’un marché peu scrupuleux qui ne cesse d’évoluer. Celui des Flipper Zero, ou plus précisément celui des logiciels que cet outil peut embarquer. Les dernières versions, disponibles à l’achat sous le manteau, permettent de déverrouiller une très large gamme de modèles de voitures, sans qu’il existe de correctif de la part des constructeurs.
Il suffit de faire un rapide tour sur Youtube pour comprendre l’engouement autour du Flipper Zero. Depuis sa sortie en 2020, l’outil conçu à l’origine pour les spécialistes en cybersécurité, les hackers éthiques et les passionnés d’électronique ne cessent de voir ses capacités poussées au maximum.
Ce petit appareil portable multifonction, dispose d’un firmware open source qui permet de tester, explorer et interagir avec de nombreux systèmes électroniques du quotidien. Les exemples vidéos ne manquent pas, et chacun s’amuse à montrer ce qu’il parvient à réaliser avec le petit boitier orange et blanc : éteindre une télévision, dupliquer le signal d’une carte de chambre d’hôtel, etc.
Toutes ces prouesses techniques sont permises par l’intégration de firmwares customisés qui font la fierté des influenceurs bidouille et élargissent les capacités du Flipper Zero.
Daniel et Derrow font partie de ces développeurs, et ont témoigné auprès de 404 Média, dans un article paru le 21 août 2025, d’un phénomène plus inquiétant : les chiffres de vente pour les firmwares permettant de déverrouiller des voitures explosent. Loin de la passion pour le hacking, pour bon nombre d’acheteurs le Flipper Zero devient un formidable outil pour voler tous types de modèles.
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Certains véhicules vulnérables sont des modèles de 2025
Daniel et Derrow sont d’ailleurs plutôt bien placés pour en parler, ils vendent eux-mêmes des patchs pour déverrouiller des voitures. Comptez 600 dollars pour la version basique, 1000 dollars pour une version avec mises à jour et support, le tout est payable en cryptomonnaie.
Sur de nombreuses vidéos Youtube (désormais hors ligne), Daniel démontre l’efficacité de ses firmwares. Kia, Volkswagen, Hyundai, Ford, Peugeot, Citroën : aucune de ces marques ne résiste au Flipper Zero dopé.
L’homme, basé en Russie, assure avoir vendu sa technologie à plus de 150 personnes en deux ans. La finalité semble peu lui importer.
Si selon lui, il est possible que « certains l’utilisent pour voler dans les voitures ou voler des voitures », la demande viendrait également de serruriers ou de garagistes.
Pour mettre en place de tels outils, Daniel affirme avoir réuni différents fragments de code, qu’il a ensuite adaptés pour fonctionner sur Flipper Zero. Son compère Derrow précise que certaines marques comme Kia sont dépourvues de protections, ce qui les rend particulièrement simples à ouvrir. Pour d’autres constructeurs, il faut dans un premier temps obtenir le code source pour, par la suite, accéder aux véhicules.
Une liste communiquée par Daniel à 404 Media recense près de 200 modèles vulnérables, dont des versions récentes de 2025.
Un phénomène qui évolue au gré des technologies
Si le coût relativement élevé de ces firmwares freine encore son expansion, sa diffusion croissante fait craindre que le logiciel se retrouve rapidement en accès libre et gratuit.
Des serveurs Discord rassemblent déjà des centaines de membres où les nouveaux arrivants se retrouvent parfois eux-mêmes volés via de faux liens de téléchargement.
Ce n’est pas la première menace de piratage qui pèse sur les clés de voitures électroniques. Le mouse-jacking, permet notamment par un relais de signal, de déverrouiller une voiture si les véritables clés se trouvent à distance raisonnable. Pour s’en prémunir, certains constructeurs ont mis en place des codes tournants. Une modification inefficace sur le Flipper Zero, capable d’intercepter le code et de calculer le suivant.
Un ingénieur en informatique contacté par 404 Media semble un brin défaitiste : « Il n’y a pas vraiment de moyen de s’en protéger, à part ne pas utiliser son porte-clés électronique. »
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